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Cameroun: au moins 79 élèves enlevés dans le nord-ouest

By on November 6, 2018

Dans le nord-ouest du pays en proie à de violents et reccurents affrontements entre bandes armées et militaires, 79 élèves ont été enlevés. Un rapt de masse sans précédent dans l’histoire du Cameroun

Soixante-dix-neuf élèves ont été enlevés lundi dans la région du Nord-Ouest du Cameroun, le plus important kidnapping dans cette “zone anglophone” depuis le début du conflit entre des séparatistes et l’armée, à la veille de la prestation de serment du président Paul Biya.
Selon la version officielle, l’enlèvement s’est produit dans la nuit de dimanche à lundi. Des hommes armés non identifiés ont pris d’assaut l’école secondaire presbytérienne située dans le quartier de Bamenda III, sur les hauteurs de la ville.
Le principal du collège, un chauffeur et un enseignant ont également été enlevés, ce qui porte le total à 82 personnes enlevées. Aucune revendication pour le moment.
Issa Tchiroma Bakary, le porte-parole du gouvernement a martelé :“Nos forces de défense et de sécurité sont à pied d’œuvre pour rechercher ces bandits de grand chemin et les 82 otages”.
Ce type d’enlèvement de masse d’élèves est sans précédent au Cameroun. Il est généralement pratiqué dans le nord du Nigeria voisin par le groupe jihadiste Boko Haram.
“Des enfants sont une fois de plus victimes d’une crise qui n’est pas la leur. RIEN ne peut justifier l’enlèvement d’enfants innocents!”, a réagi sur les réseaux sociaux Allegra Maria Del Pilar Baiocchi, coordinateur humanitaire de l’ONU pour le Cameroun.

Les attaques de séparatistes armés contre des écoles sont nombreuses depuis le début du conflit.
Le jour de la rentrée scolaire début septembre, un directeur d’école a été assassiné, un professeur mutilé et plusieurs lycées attaqués.

Les forces de sécurité laxistes ou dépassées?

Comment les forces de sécurité n’ont rien vu venir? Malgré l’état de guerre qui prévaut dans la région bon nombre d’établissements restent ouverts. Le rapt, d’après les autorités, s’est déroulé entre 4h et 5h du matin. Or, en vertu du couvre-feu en vigueur jusqu’à 6h, seuls les véhicules militaires, de polices et les ambulances sont autorisés à circuler. Comment, dans ce contexte, les ravisseurs ont-ils pu échapper à la vigilance des forces de sécurité déployées dans la zone ? L’établissement, situé à la périphérie de Bamenda et entouré d’un grand mur d’enceinte. Les habitants du quartier n’ont rien entendu. L’alerte aurait été donnée aux alentours de 8h, selon une source militaire, qui évoque des complicités entre séparatistes armés et… le personnel de l’école.

Depuis la fin de l’année 2017, des dizaines de séparatistes ont pris les armes dans les deux régions camerounaises du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Depuis, des affrontements les opposant à l’armée, déployée en nombre, s’y produisent quasiment tous les jours. Le 30 octobre, un missionnaire américain a été tué par balles dans son véhicule à Bambui, en banlieue de Bamenda. Harcelés par des bandes de jeunes armés, des missionnaires, établis depuis une cinquantaine d’années dans la région de Fontem (Sud-Ouest) ont dû plier bagage définitivement. Selon plusieurs sources concordantes, à ces séparatistes armés, dispersés en petits groupes dans la forêt équatoriale, se sont ajoutés des bandits et des pillards qui rackettent la population et les entreprises au quotidien.
Plus de 300.000 personnes ont fui les violences, pour la grande majorité en brousse et dans les grandes villes des régions voisines, et d’autres sont parties au Nigeria voisin. Et les pertes en vies humaines s’estimeraient à 400.

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