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Cameroun : extradition des pro-sécessionnistes à Yaoundé

By on January 30, 2018

Le Cameroun a connu une fin de soirée mouvementée ce lundi 29 janvier… Car c’est désormais officiel, le principalchef des séparatistes anglophones Sisiku Ayuk Tabe vient d‘être extradé du Nigeria vers Yaoundé la capitale camerounaise. Il a été arrêté en compagnie de 47 autres membres de son « mouvement terroriste ». Peut-être l’épilogue d’une crise qui dure déjà plus d’un an et qui connaît tous les jours des rebondissements.
Sisiku Ayuk Tabe, le président de la République imaginaire de l’Ambazonie, et 47 membres de son cabinet sont au Cameroun et désormais aux mains de la justice, a indiqué le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement. Si Issa Tchiroma Bakary n’a pas dévoilé les circonstances de cette arrestation, il a toutefois indiqué que Sisiku Ayuk Tabe a été appréhendé en compagnie de 47 de ses éléments. Ces séparatistes « devront répondre de leurs crimes », se félicite le ministre Bakary.
Ils avaient été interpellés dans un hôtel au Nigeria le 5 janvier dernier et la question de leur extradition n’a depuis cessé de cristalliser l’opinion publique camerounaise.
« Le gouvernement camerounais saisit cette occasion pour se féliciter du caractère excellent de la coopération multiforme qu’entretiennent le Nigeria et le Cameroun, notamment, au plan sécuritaire », a écrit le ministre camerounais de la communication.
Ils devront répondre devant la justice des crimes divers dont ils accusés et autres exactions commises sur les populations. Les assassinats des éléments des forces de défense postés dans la partie du sud-ouest et du nord-ouest du pays. Ou des incendies d’établissements scolaires, des intimidations par la violence sur les populations. Ces individus menaient des assauts contre des postes de police ou de gendarmerie et se réfugiaient au Nigeria après leurs forfaits.
Jeudi dernier, un gendarme a été tué dans la localité de Kumbo dans nord-ouest du Cameroun. Ce crime serait l’œuvre de la Banso Resistance Army (BRA), un groupe d’individus se réclamant d’une faction radicale des sécessionnistes. Tout au long de la semaine, ces militants auraient proféré des menaces contre quiconque s’aviserait de participer à la fête nationale de la jeunesse. Cette célébration, instituée par le président Ahmadou Ahidjo en 1966, coïncide avec l’anniversaire du référendum du 11 février 1961, qui permit au Southern Cameroons de rejoindre la République du Cameroun.
Expéditions punitives de l’armée camerounaise
L’armée camerounaise cependant est accusée par les populations de graves exactions. Pour punir l’assassinat du gendarme jeudi dernier dans le nord-ouest, les soldats ont incendié tout un village. Selon les villageois, l’opération de destruction massive a été perpétrée par des éléments de l’armée et des forces de l’ordre en colère. « On dit que le gouvernement nous protège, mais de quelle protection parle-t-on? » s’est interrogé un propriétaire de plantations.
Des témoins en larmes se plaignent de ne plus avoir de réserves de maïs parce que « les récoltes ont été détruites par les soldats de la République ».
Dans le sud-ouest, les forces gouvernementales sont aussi accusées d’avoir brûlé le village Kembong. Selon la population, des éléments des forces de sécurité se sont vengés, ont surgi dans la nuit, tiré en l’air, brûlé des habitations, humilié des habitants. En représailles à la mort en décembre dernier de 4 gendarmes. « Ils m’ont fait sortir de chez moi avec ma famille et ont mis le feu. J’ai mis toute ma vie à construire ma maison… » s’exclame un sinistré. Plus personne ne veut aller à Kembong. Les habitants ont déserté la localité pour se réfugier dans d’autres villages.
Regain de violence dans les régions du sud-ouest et du nord-ouest

Les violences donnent du tournis aux populations qui se sentent prises entre deux feux. Il y a quelques jours, le lycée de Malende dans le sud-ouest a été incendié par des hommes armés non identifiés qui se seraient fait appelés les « Amba Tigers ». Mais l’existence de ce groupuscule n’a pas été confirmé…
Le 19 janvier, déjà, des individus armés non identifiés ont tenté de prendre d’assaut à Mbengwi une base du Bataillon d’intervention rapide (Bir) de l’armée camerounaise. Selon le Colonel Didier Badjeck, porte-parole de l’armée, les assaillants auraient été neutralisés après de violents combats.
Des individus non identifiés ont, dans la nuit du 23 janvier dernier, réussi à incendier le dortoir des filles du collège Catholique Sainte Rita.
La situation tend à devenir incontrôlable dans ces localités. Des renforts sécuritaires ont été déployés dans les quartiers et les rues de Bamenda, afin d’appuyer les troupes déjà sur place.
Les populations sont contraintes de fermer boutiques de temps en temps à cause d’un mot d’ordre donné par les activistes de tous bords qui pullulent dans la région. On parle de « Ghost Town » (Villes mortes). Plusieurs ont vu leurs commerces et habitations saccagés en représailles. Après l’arrestation des leaders de la contestation anglophone au Nigeria, les habitants de cette région avait timidement respecté le mot d’ordre de « ghost town » imposé par les sécessionnistes…
Même au plus fort de la contestation à Bamenda, jamais il n’y avait eu autant de tirs d’armes à feu.
La peur règne dans les localités anglophones du Cameroun en raison des tirs qui retentissent toutes les nuits à plusieurs endroits.
Si Pour Yaoundé, l’arrestation des terroristes sécessionnistes est une victoire, il faudra se méfier d’autres groupuscules naissant et en manque d’exploit et de notoriété. Pour le ministre de la Communication Issa Tchiroma Bakary, le gouvernement camerounais n’a pas l’intention de dialoguer avec ces branches sécessionnistes radicales. « On ne négocie pas avec ceux qui veulent amputer une partie de notre territoire pour construire une hypothétique République ».

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