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Cameroun: l’ONU veut un scrutin à deux tours

By on March 3, 2011

En visite à Yaoundé depuis lundi dernier, le sous-secrétaire général de l’Onu veut obtenir des gages d’une élection démocratique.

Le séjour de Lynn Pascoe en ce moment au Cameroun ne sera peut-être pas aussi historique que celui de cet explorateur portugais qui découvrit des crevettes au large des cotes camerounaises au 15e siècle. Mais, des informations crédibles tendent à faire penser qu’il déteindra sur la marche de la démocratie camerounaise. Lundi dernier déjà, le sous-secrétaire général des Nations Unies, spécialement chargé des affaires politiques et des questions électorales, s’est entretenu avec le ministre chargé des Relations extérieures avant d’être reçu en audience au Palais de l’Unité, au nom du chef de l’Etat, par le ministre d’Etat, secrétaire général de la présidence de la République, Laurent Esso. M. Pascoe était accompagné pour la circonstance du coordonnateur du système des Nations Unies au Cameroun, Thierry Mertens, tandis que M. Esso avait à ses côtés l’un de ses adjoints, Peter Agbor Tabi.

Ces audiences ont essentiellement tourné autour de l’organisation des prochaines consultations électorales, notamment la présidentielle prévue, en principe, pour le mois d’octobre prochain. Le sous-secrétaire des Nations Unies a encouragé les acteurs du processus électoral à travailler en synergie pour des élections libres et transparentes au Cameroun. Lynn Pascoe a également échangé, séparément, avec les responsables d’Elections Cameroun (Elecam) et des leaders des cinq partis politiques représentés à l’Assemblée nationale.
En l’occurrence le Rdpc, l’Undp, le Sdf, le Mp et l’Udc. Le Dg d’Elecam, Mohaman Sani Tanimou, a présenté à son diplomate onusien le plan d’action d’Elecam s’agissant des inscriptions en cours sur les listes électorales. Selon lui, au mois de février, 955.000 nouveaux électeurs se sont inscrits à travers le pays. A cela il faut ajouter environ 5 millions de votants qui se sont inscrits en 2007 dans le sillage des élections législatives et municipales et dont il a retiré le fichier du ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, jusque-là en charge de l’organisation des élections.

Soutien
Mohaman Sani Tanimou indiquera ensuite à la presse que «le rôle des Nations-Unies se limite à accompagner le processus électoral, que les autorités camerounaises estiment transparent». Un point de vue largement partagé par Lynn Pascoe. L’opposition parlementaire, notamment le Sdf, qui était conduite à ces assises par le chairman Ni John Fru Ndi, a présenté, quant à elle, l’ensemble des griefs qu’il nourrit vis-à-vis d’Elecam, notamment son inféodation au Rdpc et, de ce fait, son incapacité à organiser des élections transparentes. D’où la campagne qu’il mène à travers le pays entier pour demander à ses militants de ne point s’inscrire sur les listes électorales. Au sortir des assises, le leader du Sdf a déclaré faire confiance à l’Organisation des Nations Unies à ce sujet, tout en précisant cependant que le «l’Onu sera jugée à l’aune des résultats».
Mais sous l’écume enjoliveuse des déclarations diplomatiques devant les objectifs des cameras, la lame de fond de la visite au Cameroun s’avère tranchante. En effet, des sources crédibles révèlent que Lynn Pascoe a invité les autorités camerounaises à «accorder plus de marge de manœuvre à Elecam et surtout à instaurer une élection présidentielle à deux tours» au Cameroun.

C’est le message qu’il aurait tenu au ministre d’Etat Laurent Esso qui a promis de transmettre fidèlement les doléances à qui de droit. Des revendications qui ont été maintes fois formulées par l’opposition et la société civile camerounaises.
En rappel, l’Onu assiste le Cameroun depuis l’an 2000 dans l’organisation des élections. Dans cette optique, elle a fournit 25000 urnes transparentes en 2004 et contribué à l’amélioration du cadre juridique lié aux élections, à l’amélioration des outils d’organisation des élections et au renforcement des capacités des acteurs du processus ainsi qu’à l’éducation civique des populations.
Les Nations Unies ont par ailleurs financé le processus d’informatisation des opérations électorales à la veille du double scrutin de 2007. La non-satisfaction des exigences de l’Onu pourrait-elle pousser cette instance à revoir son soutien en matière d’organisation des élections au Cameroun ? La question reste pendante à 7 mois de l’élection présidentielle.

in Mutations.

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