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Cameroun: des officiels enlevés par des pirates
L’information n’est pas encore officielle, mais de sources sont plus que formelles sur l’attaque sur les coups de trois heures du matin de la localité d’Akwa par un groupe armé non encore identifié. C’est que dans la nuit de dimanche à lundi alors qu’Akwa baigne dans un sommeil profond, un groupe d’hommes lourdement armés et qui a débarqué sur l’île à bord de plusieurs flying boat prend possession de l’arrondissement situé dans la péninsule de Bakassi et dans le département du Ndian.
«Vers 3 heures du matin, des rebelles ont attaqué la localité de Bonjo où ils ont tué deux gendarmes. Ils ont ensuite attaqué la ville d’Akwa», a affirmé une autorité administrative de l’arrondissement de Kombo- Abedimo qui abrite dans la zone de Bakassi Bonjo et Akwa. Supérieurs en armes et en hommes, les assaillants, poursuit la même source n’auront aucune peine à neutraliser le dispositif sécuritaire mis en place par le gouvernement camerounais et qui se résume à un détachement de 12 gendarmes et à une équipe réduite de policiers.
Mis en déroute par les agresseurs, gendarmes et policiers préalablement désarmés se rendront vite compte que leurs assaillants sont des pirates en quête d’otages. Otages qu’ils se feront le plaisir de choisir parmi les hommes les plus représentatifs d’Akwa. Et de fait, les assaillants non encore indentifiés ou qui du moins, au moment où nous mettions sous presse n’avaient pas encore revendiqué l’attaque, ont amené avec dans une quiétude qui frisait le mépris M. Ayuk Edward Takor, le sous-préfet de l’arrondissement de Kombo-Abedimo, le commissaire de sécurité publique, le commissaire spécial, le premier adjoint au maire, quelques policiers et des gendarmes. Soit au total onze (11) personnes prises à Akwa dont on est sans nouvelles depuis hier.
Si l’attaque d’Akwa n’a pas connu de décès sur le champ, tel n’a pas été le cas dans l’îlot de Bonjo, localité voisine qui au lieu dit Mbonge Beach a également été attaquée par les pirates. Attaque qui s’est soldée, selon nos sources par la mort de deux gendarmes. Gendarmes dont les fusils d’assaut légers ont été emportés par les assaillants qui s’étaient déjà signalés la semaine dernière à Ekondo Titi où ils avaient tué un marin, grièvement blessé un autre et emporté une arme de combat.
Arme dont ils se sont vraisemblablement servis dans la nuit de dimanche à lundi pour enlever le sous-préfet et ses principaux collaborateurs à Akwa. Aux dernières nouvelles, les deux attaques auraient été menées par l’Africa marine commando (Amc), présenté comme le principal groupe rebelle actif à Bakassi et responsable de l’attaque d’une plate-forme pétrolière ayant fait six morts en novembre 2010. L’Amc exige de chaque compagnie pétrolière en activité dans la zone de Bakassi le versement d’un impôt mensuel.
Depuis trois ans, les attaques en mer et enlèvements – souvent attribués par les autorités camerounaises à des “pirates” et aux cibles variées – se sont multipliés au large de la péninsule de Bakassi, région marécageuse de 1.000 km_, difficile d’accès, potentiellement riche en pétrole et gaz et en produits halieutiques. Cette péninsule a fait l’objet d’un différend frontalier entre le Nigeria et le Cameroun au terme duquel elle a été rétrocédée au Cameroun en 2008. Lors de la cérémonie officielle de rétrocession, le drapeau camerounais avait été hissé à Akwa, jadis contrôlée par le Nigeria.
Les vrais problèmes!
Dans notre édition d’hier, nous relevions la hargne avec laquelle les responsables des forces de sécurité se sont déversés sur de pauvres militants du Rdmc au sortir d’une réunion de leur parti politique au quartier Tsinga à Yaoundé. Au rang de ces responsables, se trouvaient effectivement deux des principaux responsables en charge du renseignement et de la surveillance du territoire camerounais : le directeur général de la Recherche extérieure (Dgre) qui conduisait, selon les témoignages des responsables de cette formation politique, l’interrogatoire des deux personnes arrêtées samedi dernier et conduites dans les tristement célèbres locaux de cette agence de renseignement dans le quartier du Lac à Yaoundé et le directeur de la Surveillance du territoire (Dst) à la Délégation générale à la Sûreté nationale (Dgsn) en compagnie du délégué régional de la Sûreté nationale du Centre.
Le courroux de ces membres du dispositif sécuritaire était, d’après les responsables du Rdmc, la peur de l’importation du modèle tunisien au Cameroun par les militants de cette formation politique installés en Europe. Sur la base de ce qu’ils appelaient des informations fiables, ils ont sauté sur de pauvres militants dont le but de la réunion ne visait, selon eux-mêmes, qu’à se mettre en rang de bataille pour la prochaine élection présidentielle prévue cette année au Cameroun.
La Dgre et la Dst sont justement chargées de la recherche de l’information en vue de la protection de l’intégrité territoriale du Cameroun. Or il apparaît que depuis la rétrocession de la presqu’île de Bakassi au Cameroun, le renseignement semble être la chose qui a le plus fait défaut aux autorités camerounaises, si l’on en juge par le nombre d’attaques perpétrées dans la zone, le nombre d’enlèvements des autorités…
L’audace avec laquelle «les pirates» agissent à Bakassi semble témoigner de la légèreté avec laquelle les autorités en charge des questions de renseignement et de sécurité gèrent l’après conflit dans la zone. Nos sources relèvent en effet la faible qualité des moyens logistiques alloués aux forces de défense dans une zone qui est pourtant réputée ne pas être un lieu de villégiature. A cela, quand on ajoute l’insuffisance en moyens humains, l’on ne peut que s’interroger sur les ambitions du Cameroun dans une zone où tout le monde s’accorde à reconnaître que le chef de l’Etat M. Paul Biya a dû y mettre de sa personne, voire de son honneur, pour la préservation de l’intégrité territoriale du pays.
L’enlèvement du sous préfet de Kombo Abedimo, qui intervient après l’assassinat par les mêmes bandes armées en juin 2008 de Fonya Félix Morfan, prédécesseur de Ayuk Edward Takor à la tête de cet arrondissement du département du Ndian ne semble avoir visiblement pas servi de leçon aux autorités camerounaises. A moins que pour elles, la peur du syndrome tunisien soit visiblement plus forte que l’assassinat de gendarmes et l’enlèvement d’autorités administratives, bref la négation même de l’Etat et de la souveraineté du Cameroun sur une partie du territoire. Des responsables qui jusqu’à hier indiquaient ne pas avoir suffisamment d’informations sur cette attaque.
in Mutations.