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Les crimes du Kenya dans le collimateur de la CPI

By on April 1, 2010

Les juges de la Cour pénale internationale (CPI) ont autorisé le procureur à ouvrir une enquête sur les crimes contre l’humanité commis au Kenya. Les violences post-électorales de décembre 2007 avaient fait plus de 1 200 morts.

A deux ans des échéances électorales au Kenya, prévues en 2012, il y a urgence. Quatre mois après la demande du procureur, les juges de la Cour pénale internationale l’ont autorisé, mercredi 31 mars, à ouvrir une enquête pour crimes contre l’humanité commis suite à l’élection présidentielle de décembre 2007. En quelques semaines, plus de 1 200 personnes avaient trouvé la mort dans les violences politico-ethniques.

Jusqu’ici, le procureur n’avait ouvert d’enquêtes qu’après avoir été saisi par un Etat ou par le Conseil de sécurité des Nations unies. Cette fois, Luis Moreno Ocampo a agi de sa propre initiative, mais fort du soutien affiché des Nations unies, de l’Union européenne, des Etats-Unis, du médiateur pour le Kenya Kofi Annan, ainsi que certains Etats de la région dont l’Ouganda et la Tanzanie, qui craignent une reprise des violences à l’approche des prochaines échéances électorales de 2012.

Le pouvoir à tout prix

Il faudra attendre l’avancée de l’enquête pour connaître précisément les personnes visées par le procureur. Au début du mois de mars, il avait remis une liste de vingt noms, mais avait dans le même temps pris ces distances, suggérant que cette liste n’était qu’indicative. Quoi qu’il en soit, les cibles du procureur sont membres ou proches des deux parties – aujourd’hui membres de la coalition gouvernementale – qui s’étaient livrés aux attaques.

Dans leur décision, les juges estiment que les premières attaques ont été lancées « par des groupes associés au Mouvement démocratique orange (ODM) », parti d’opposition conduit par Rail Odinga et qui contestait la réélection de Mwai Kibaki, chef du Parti national unifié (PNU). Ces derniers auraient, selon les juges, ripostés. Selon Luis Moreno Ocampo, des responsables des deux partis « poursuivaient des objectifs politiques consistant à rester ou accéder au pouvoir », et ont « mis en œuvre leur politique avec le concours d’un certain nombre de fonctionnaires et d’institutions publiques et privées, comme des membres du Parlement, des hauts responsables du gouvernement, les forces de police et les bandes de jeunes ».

Intimidation de témoins

L’ouverture d’une enquête devrait aussi permettre à la Cour d’engager le processus de protection des témoins. Depuis la demande du procureur d’ouvrir une enquête, déposée le 26 novembre 2009, plusieurs organisations non gouvernementales se sont inquiétées de manœuvres répétées d’intimidation à l’encontre de certains d’entre eux. Mais le procureur de la CPI devait attendre le feu vert des juges avant de pouvoir engager des mesures de protection. De leur côté, l’Union européenne, les Etats-Unis et le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon ont demandé à Nairobi d’adopter des mesures de protection.

A Nairobi, une délégation de l’Union européenne a salué la décision de la CPI mais a rappelé qu’elle ne jugerait que les plus hauts responsables des crimes, et que la justice kenyane devrait compléter ses travaux en conduisant ses propres procès. En décembre 2008, Nairobi s’était engagé à mettre sur pied un tribunal spécial, chargé de juger les responsables des violences post-électorales. Mais l’adoption d’une loi, présentée devant le Parlement, a échoué à deux reprises. Dans un communiqué diffusé peu après la décision de la Cour, l’organisation Human Rights Watch rappelait que « les responsables kenyans doivent encore tenir leur promesse en conduisant des procès crédibles au niveau national ».

RFI.

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