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Cameroun: Un commerçant tchadien meurt dans une cellule du Bir

By on April 14, 2010

Le consul du Tchad à Garoua pense qu’ Alhadji Brahim Youssouf est mort de torture. Le commandant du 4eme Bir parle de suicide. Le corps méconnaissable d’Alhadji Brahim Youssouf, commerçant de nationalité tchadienne vivant depuis une dizaine d’années dans le canton de Gouna à 100 Km de Garoua,
a été déposé lundi dernier à la morgue de l’hôpital régional de Garoua par des gendarmes et des militaires du Bir de Garoua. D’après nos informations, il est décédé dimanche soir dans une cellule du 4eme Bir du Nord à Garoua. Samedi dernier, il a été interpellé par trois militaires du Bir dans la soirée, alors qu’il se trouvait dans sa boutique à Gouna. Selon les responsables du Bir, c’est à la suite d’une dénonciation d’un ancien coupeur de route qu’Alhadji Brahim Youssouf a été arrêté. Il a été conduit à la base du 4eme Bir à Garoua, la même soirée. Après des heures d’interrogatoire par une dizaine de soldats, sous officiers et officiers du Bir, il sera gardé dans la cellule n° 07 de cette unité d’élite de lutte contre le grand banditisme.

Lundi dernier, le commandant du 4eme Bir du Nord, le lieutenant colonel Ngongang, a saisi le consul du Tchad à Garoua, l’informant de ce que l’un de ses compatriotes a été arrêté par le Bir et s’est « suicidé » le dimanche soir, après 24h de garde à vue. Le lieutenant colonel Ngongang raconte : « nous avons interpellé ce monsieur samedi soir après une dénonciation d’un ancien coupeur de route. Il a été gardé dans l’une de nos cellules pour besoin d’enquête et le dimanche soir nous avons retrouvé son corps sans vie. Il s’est suicidé et nous sommes désolés », a-t-il déclaré. Pour le patron du Bir dans la région du Nord, Alhadji Brahim Youssouf a été dénoncé par un ancien coupeur de route, Mouhamadou Abdoulaye actuellement gardé à la compagnie de gendarmerie de Garoua, comme étant son chef.

Le consul du Tchad à Garoua s’est dit très indigné de cette situation. Hamid Oumar dénonce : «Nous avons vu le corps et je peux vous assurer, et ceci sans complaisance, qu’il ne s’agit pas d’un suicide, mais d’une torture. Puisque nous l’avons retrouvé ligoté les mains par derrière », a-t-il indiqué au reporter du Jour. Pour lui, il n’y a pas de doute, son compatriote n’est pas un coupeur de route et il ne s’est pas suicidé. « Il a été assassiné par les éléments du Bir », affirme-t-il, courroucé.

A la compagnie de gendarmerie de Garoua ou est menée l’enquête militaire, rien ne filtre. Joint au téléphone, le commandant de la légion de gendarmerie du Nord s’est montré prudent : « Il faut attendre les conclusions de la double enquête en cours. Mais je peux vous dire qu’il y a eu beaucoup de bavures sur la gestion de cette affaire de soit disant coupeur de route ». Même son de cloche du côté du lamido de Gouna, engagé dans la lutte contre les coupeurs de route dans la localité : « Tout ce que je peux vous dire c’est que l’arrestation de M Brahim ressemble à un règlement de compte. Nous avons appris son arrestation et son décès de la même manière que vous », a affirmé sa majesté Boubakary. Il a dit que pour cette opération, il n’a pas été associé par le Bir, comme par le passé.

Une enquête administrative et militaire a été ouverte par le secrétaire général des services du gouverneur de la région du Nord, Maurice Tsoffo, qui a fait savoir au Jour que « la commission d’enquête administrative a trois jour pour rendre sa copie. Nous allons faire la lumière sur les circonstances du décès de ce commerçant. Toutefois, je veux vous dire qu’il y a une accusation qui pèse sur lui », a déclaré le Sg des services du gouverneur de la région du Nord.

La communauté tchadienne reste inconsolable. Elle a rencontré hier mardi matin le Sg des services du gouverneur de la région du Nord pour lui dire toutes ses inquiétudes. C’est le deuxième commerçant tchadien qui disparaît de manière tragique après interpellation du Bir. En 2007, un commerçant tchadien, Toky Sonoumougo, a disparu avec 70 millions Fcfa après avoir été interpellé par le Bir de Maroua. Il était venu acquérir une villa dans le chef lieu de la région de l’Extrême Nord.

In Le Jour.

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