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Effondrement des saisies de cocaïne en provenance d’Afrique

By on September 15, 2009

Pour la première fois depuis quatre ans, les prises de cocaïne en provenance de l’Afrique ont très fortement baissé en France, indique l’Office central pour la répression du trafic illicite de stupéfiants (OCTRIS).

Cela alors que l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (UNODC) signale dans son rapport 2009 une baisse généralisée des saisies sur le continent. Les services anti-drogue français y voient le résultat de la mobilisation internationale contre le trafic de cocaïne. Mais ils restent prudents, estimant qu’il ne s’agit peut-être que d’un répit, alors que la cocaïne est toujours aussi présente sur le marché français.« En 2007, nous avions saisi 500 kilos de cocaïne en provenance d’Afrique à l‘aéroport parisien de Roissy. En 2008, 260 kilos et depuis le début de l’année 2009, à peine 30 kilos », annonce Jean-Michel Colombani, directeur de l’Office central pour la répression du trafic illicite de stupéfiants. Pour le patron de l’organisme français de lutte anti-drogue, cette baisse spectaculaire a une explication: « il y a eu beaucoup d’interceptions de bateaux au large de l’Afrique de l’Ouest. Jusqu’à récemment, les Colombiens utilisaient la route atlantique du 10ème parallèle pour acheminer la drogue à partir de l’Amérique latine. Or toutes les grandes nations sont maintenant mobilisées, souvent avec les mêmes moyens, notamment satellitaires, que pour la lutte contre le terrorisme.»

Beaucoup d’arrestations ont, en outre, été menées, notamment, au Mali et au Togo, où d’importants trafiquants, en particulier colombiens et grecs, ont été extradés. « En Guinée, nous avons pu exécuter des commissions rogatoires dans le cadre d’une enquête concernant l’interception d’un navire transportant de la cocaïne, le Junior, début 2008», ajoute Jean-Michel Colombani.

D’une manière générale, estime le patron de l’OCTRIS, la coopération s’est nettement améliorée avec les Etats d’Afrique de l’Ouest, en particulier au Mali, qui fait partie du dispositif anti-drogue français dans la zone Atlantique baptisé « bouclier ».

Du coup, quasiment aucune grosse saisie maritime n’a été signalée au large des côtes ouest-africaines en 2009, alors qu’entre 2006 et début 2008, une pluie de prises record avaient été enregistrée. Parallèlement, donc, les interceptions de passeurs aux frontières françaises, en provenance d’Afrique ont très fortement chuté.

Nouvelles routes de la drogue?

Les organisations criminelles aurait-elle cessé d’utiliser l’Afrique pour faire transiter la cocaïne vers l’Europe? Le patron de l’OCTRIS est prudent : « Les malfaiteurs ont compris comment nous travaillons. Ils sont attentistes. Il faudra attendre plusieurs mois pour savoir quelles sont leurs nouvelles stratégies ». Car pour les experts anti-drogue, il ne fait aucun doute, que les trafiquants vont chercher- et ont peut-être déjà trouvé – de nouvelles routes pour acheminer leur marchandise à bon port. « La bande sahélo-saharienne fait partie des zones suspectes et on peut penser que l’Afrique centrale, l’Afrique du Sud et l’Afrique de l’Est peuvent également être de nouvelles voies d’approvisionnement ». Mais cette fois, les services français, comme leurs homologues européens et américains, ne seront pas pris au dépourvu. Ils sont décidés à renforcer leurs efforts, notamment en mutualisant les moyens de renseignement.

Quoiqu’il en soit, la lutte contre le trafic de cocaïne est loin d’être achevée. En France, notamment, la baisse du transit de cette drogue via l’Afrique n’a aucunement influé sur le marché, puisque la poudre blanche est toujours aussi présente. Son prix n’a pas non plus augmenté, avec une moyenne de 60 euros le gramme. Tout juste signale-t-on une relative baisse de la pureté. Il faut dire que l’Afrique n’est pas la seule route d’approvisionnement de l’Europe en poudre blanche. Une partie arrive directement d’Amérique Latine par l’Espagne ou les ports d’Anvers, en Belgique, ou de Rotterdam, au Pays Bas, voire par l’Europe centrale. Mais cela tient peut-être aussi à l’ouverture de nouvelles routes africaines échappant, pour l’instant, à la vigilance des polices anti-drogue.

RFI

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